J’ai découvert le Domaine de Charron il a bientôt 4 ans maintenant. Inutile de vous dire qu’à l’époque, j’avais eu l’impression d’être tombé sur un OVNI ! Je défie quiconque de dire que l’Armagnac manque de Pep’s après avoir goûté Charron ! D’ailleurs ça tombe bien parce que vous pouvez croiser Jean-Philippe Balay chaque année au Whisky Live, il est également présent au salon Omnivore !
Introduction à l’Armagnac et (on l’espère) fin des préjugés !
L’Armagnac (Haut-Armagnac, Tenarèze et Bas-Armagnac) ne jouit pas de la même aura que le Cognac à l’international. Ne nous lançons pas dans le débat de « qui est meilleur que l’autre ? » ça n’a aucun sens, ce sont deux eaux-de-vie bien différentes même si elles partagent quelques paramètres.
L’Armagnac ne bénéficie pas, contrairement au Cognac, de grandes maisons qui ont tout misé à l’international. La quantité de vigne plantée dédiée à l’Armagnac est quasiment 20x inférieure puisque seulement 4200 hectares sont plantés pour produire cette eau-de-vie contre 82 000 pour le Cognac et ses dérivés. Alors certes, les 82 000 ha situés en Charente et Charente-Maritime ne sont pas tous dédiés au Cognac qui sera mis en bouteille tel quel mais quand même, la différence est colossale !
Beaucoup d’entre nous s’interrogent sur la zone de production des Armagnac. Certains doivent probablement la situer proche de celle du Cognac, or, plus de 200 kilomètres les séparent. Si les deux spiritueux partagent en majorité le même cépage à l’origine, l’Ugni Blanc, Domaine de Charron ne possède que du Baco blanc. Par contre, les techniques de distillation sont très différentes puisque le Cognac utilise l’ alambic à repasse -dit Pot Still en anglais-, contre la colonne pour l’Armagnac.
C’est Charron !
Commençons donc déjà par vous situer dans l’espace le Domaine de Charron !
Et maintenant situons le dans le temps !
Il a y a maintenant plus d’un siècle que l’arrière grand-mère de Jacques et Claude Lartigue, actuels propriétaires du domaine, plantait des vignes de cépage Baco blanc. En 1985, l’aventure commence.
2 hectares de vigne (il y a encore 4 ans, 1 hectare supplémentaire a été planté il y a 3 ans pour passer à 3 hectares…) autant dire une micro production, à l’époque confiées aux soins du viticulteur voisin. Les vignes ont entre 35 et 60 ans.
La distillation était confiée entre 1985 et 2012 à un bouilleur de cru ambulant. Depuis 2012, tout est fait en interne, mais comme le jus est très bon et que le Domaine de Charron mise sur la continuité, c’est ce même alambic de 1940 qui a été racheté au bouilleur de cru !
L’eau de vie sort de la colonne à un petit 52-53% ! Ça laisse d’autant plus de place pour des arômes opulents !
Domaine de Charron, personnalité et caractère aux mains du chef d’orchestre !
C’est donc Jean-Philippe Balay qui est désormais le gérant du domaine !. C’est un ancien ingénieur en génie chimique, nul doute que le job est taillé pour lui !
Premier maillon de la chaîne, la vigne !
La vigne est située sur le terroir très réputé appelé « Les Sables Fauves » composé de sols sablonneux et argilo-siliceux. Comme pour les autres spiritueux qui bénéficient d’un traitement de faveur de bout en bout, le terroir est extrêmement important pour apporter de la qualité et typicité à une eau de vie. C’est pour ces raisons que le Cognac communique énormément sur ce point et on ne retrouvera pas les mêmes profils aromatiques entre un Grande Champagne, un Fins Bois et un Borderies par exemple -fin de la parenthèse-.
Au domaine, on ne distille qu’à feu nu et surtout au bois ! Ce qui nécessite un travail bien plus conséquent mais est connu pour apporter des notes plus complexes dues aux amplitudes de températures subies par l’alambic.
Mais Charron c’est aussi le parti pris de ne faire que des millésimes, vous ne trouverez donc pas de Bas-Armagnac XO, même si en fait tout est XO puisque le plus jeune est de 2007 ;).
La marque qui se développe en convertissant bon nombre d’amateurs de Rhum et Whisky au Bas-Armagnac. On le doit donc à Jean-Philippe, lui-même grand amateur de Rhum et de Cachaça. Son outil ? Ses bouteilles ! Sa botte secrète ? Faire goûter !
Simplicité mais complexité
La démarche est d’afficher clairement le 0 dosage (pas d’ajout de sucre), 0 coloration et 0 réduction… Tous les armagnacs sont donc embouteillés « brut de fut ». Ils présentent également la particularité d’être vieillis en fut de chêne neuf de 420 litres, qui proviennent de l’artisan Gilles Bartholomo situé au Frêche et qui utilise des chênes Gascons.
Le Domaine de Charron propose des jus bien musclés desquels se dégage beaucoup de finesse. Lors de conversations d’amateurs, on entend souvent le classique « ah t’es plus 2007 toi ? Moi j’ai préféré le Millésime 1989… T’as goûté son 1986 ? C’est divin ! »
Nul doute que je prendrai beaucoup de plaisir à échanger quelques mots avec ce passionné à l’occasion du prochain Whisky Live.
Par ailleurs vous pouvez retrouver ses bouteilles à Fine Spirits à Odéon, les vendeurs en sont fan ! Ainsi que chez certains bons cavistes comme l’Adresse Gourmande aux Clayes-sous-Bois.
Les prix sont très doux ! Sinon passez lui un coup de fil et prenez lui un carton ! Ca se boit vite et bien ;) !
PS: La marque au zèbre ne cesse de cumuler les médailles et bonnes notes (Coucou Serge !):
http://www.whiskyfun.com/2017/Davantage-d-Armagnac.html
http://www.whiskyfun.com/2015/A-verticale-of-vintage-Bas-Armagnacs.html